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Viva Italia

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du
17 janvier 2004
au 8 février 2004  
 

Venant de Tunisie, nous sommes arrivés en Sicile mi-janvier pour y trouver … le printemps ! Tout y était étrangement vert : l’herbe grasse qui descendait les flancs des montagnes jusqu’à la mer, les arbres déjà tous en feuilles … Même les oiseaux étaient étonnamment loquaces ! Les paysages verdoyants au ras de l’eau allaient jusqu’à nous rappeler - paradoxe surprenant – nos pérégrinations irlandaises d’autrefois. Très vite pourtant nous détrompaient les eucalyptus, les forêts d’oliviers, et les champs d’orangers à perte de vue - tous couverts d’oranges, une vision dont nous ne sommes toujours pas lassés …

Autant le rappeler tout de suite, la Sicile a été successivement grecque, carthaginoise, romaine, byzantine, arabe, normande. Elle est ensuite passée aux mains des Hohenstaufen, de la maison d’Anjou, de la dynastie d’Aragon puis des Bourbons de Naples … Une histoire mouvementée qui a laissé un patrimoine à l’avenant. Bien entendu, nous n’avons entrevu qu’une toute petite partie de ce riche passé. Nous n’avons d’ailleurs probablement pas « rendu justice » à la Sicile : nous étions déjà restés de nombreuses semaines en Italie et nous commencions tous à avoir envie d’ailleurs. Nous nous sommes régalés de vestiges grecs, avons beaucoup aimé les mosaïques byzantines de Palerme et Monreale, l’étonnante villa romaine de Piazza Armerina et nous nous sommes amusés sur l’Etna. Il nous faudra revenir pour Taormine, le palais arabe de la Ziza à Palerme, les îles éoliennes et … tout le reste !


La Sicile grecque : Segeste, Sélinonte, Agrigente, Syracuse.

Le  temple de SégesteA Segeste, un temple dorique debout, isolé, splendide domine le paysage. Il se dresse au sommet d'une colline qui semble lui avoir été destinée. A quelques centaines de mètres, un théâtre grec, tout aussi isolé - aujourd’hui du moins, fait face à la mer.

SélinonteA Sélinonte, les ruines d’une ville entière face à la mer. De très nombreux temples mais … tous écroulés à la manière de châteaux de cartes : de gigantesques tas de pierres taillées, de rondelles de colonnes, de chapiteaux … D’aucuns parlent d’un séïsme … Difficile dans ces conditions de se représenter ce que pouvaient être les grands monuments debouts mais on déambule dans les rues de l’ancienne cité portuaire avec beaucoup de plaisir.

Syracuse, autre cité grecque, nous a offert beaucoup de belles choses. Nous y avons passé trois nuits sur le Porto Piccolo, à deux pas d’Ortigia.
Syracuse - le Duomo est un temple grec reconverti ! Dans la petite presqu’île d’Ortigia, qui est la vieille ville, on passe presque tout de suite devant un grand temple grec, bien conservé, surprenant au milieu des bâtisses médiévales. Puis on se promène dans les petites rues anciennes et l’on débouche sur la grande place de la cathédrale : à y regarder de plus près, on remarque de puissantes colonnes doriques enchâssées dans le mur nord ! Quand on entre dans la cathédrale, on remarque d’autres colonnes tout aussi doriques sur le mur sud. Enfin, les deux murs qui séparent la nef des deux bas-côté, en place de colonnes comme dans toute autre cathédrale, sont les deux murs - percés d’arcades - de la cella de l’ancien temple grec ! (La cella était le « bâtiment » fermé de murs à l’intérieur du temple. C’est là que se trouvait l’immense statue du dieu et c’est là qu’officiaient les prêtres.) Un temple grec donc, reconverti en cathédrale !
Le théâtre grec de SyracuseA Syracuse, il y a aussi, à flanc de colline, tout un ancien quartier grec taillé dans le rocher et en particulier un très impressionnant théâtre - lui aussi taillé dans le rocher - faisant face à la mer. Un peu plus loin, un amphithéâtre, romain cette fois, de belle taille, bien conservé.
Près de ces deux sites antiques, on visite d’anciennes carrières dont une immense grotte à laquelle Le Caravage a donné le nom d’ « Oreille de Dyonisos» en raison de la forme de son ouverture. Les dimensions de cette grotte semi-naturelle et l’acoustique que l’on y trouve sont tout à fait surprenantes.
(NB : le mercredi se tient dans Ortigia, dans les petites rues qui courent derrière le grand temple grec, un très joli petit marché où l’on trouve de très appétissants fruits et légumes ainsi que de très beaux poissons et fruits de mer …)

Agrigente

Agrigente - la vallée des temples - temple de Castor et Pollux (ce qu'il en reste)Agrigente, l’ancienne Akragas grecque, est une jolie ville étagée à flanc de coteaux – jolie quand on a oublié l’horrible voie expresse sur viaduc qui y conduit et la ceinture de HLM qui l’enserre ! Une fois entré dans la vieille ville, on se perd dans ses petites ruelles avec beaucoup de plaisir. Mais Agrigente est surtout connue pour son site grec, curieusement appelé la Vallée des Temples - curieusement car les temples s’alignent … le long d’un éperon rocheux !? Le site est spectaculaire il faut bien le dire et certains temples très bien conservé. Nous y avons passé une très belle matinée ensoleillée.

La Sicile RomainE

De la Sicile romaine, nous n’avons finalement vu que la grande Villa Del Casale. A quelques kilomètres de Piazza Armerina, se trouve en effet dans un beau paysage de collines l’immense villa romaine dite Del Casale. Son pavement en mosaïques a été retrouvé presque intact dans sa quasi-totalité et est tout à fait fascinant : scènes de chasse, scènes mythologiques, une scène de jeunes filles faisant de la gymnastique et dont la tenue rappelle à s’y méprendre nos maillots de bain deux-pièces etc etc …
C’est aussi sur le parking de cette villa que nous avons eu l’occasion de faire l’école sous la neige : de gros flocons qui n’aidaient pas beaucoup à la concentration … Il faut dire que ce matin là, 30 janvier, il ne faisait que 2° …

 

PETITE PARENTHESE baroque

Cliquez pour voir la collection de balcons du Palazzo di VilladorataNous avons passé une demi-journée à Noto, village du sud de la Sicile, complètement reconstruit au 17e siècle après un tremblement de terre. Peut-être pas aussi spectaculaire que les guides le laissent entrevoir mais Noto nous a offert le visage d'un petit bourg de province sicilien lors d'un dimanche tranquille et ensoleillé. Déjeuner dans une trattoria locale, où nous étions entourés de familles nombreuses et animées, et de couples avec enfants, que nous avons retrouvés ensuite aux jeux du jardin public. Une promenade dans la ville - déserte- pour admirer les palais anciens et les villas abandonnées et nous tombons sur le palazzo Nicolaci di Villadorata et sa collection de balcons décorés de lions, de griffons, de chevaux ... Une visite à l'intérieur nous offre le spectacle étrange d'une grande bâtisse qui aurait été abandonnée en l'état avant-guerre ...

 

La végétation et la douceur

Un délice que la Sicile fin janvier : une végétation grasse, une douceur printanière, les orangers … Pourtant, nous y sommes arrivés avec un froid historique : 10 ° ! Tout le monde ne parlait que de cela ! Les températures de janvier varient habituellement autour des 15 ° …
A ce qu’il paraît, il fait délicieux jusqu’en mars, ensuite il commence déjà à faire chaud !

 

Palerme et les normands-byzantins
Palerme - la cathédrale La Sicile a été normande et les rois normands y ont eu l'esprit large. Ils ont ainsi construit leurs édifices en utilisant, parmi d'autres, les talents des artisans arabes déjà sur place. On découvre ainsi à Palerme des églises aux magnifiques mosaïques byzantines sous des plafonds arabes. Nous avons été très impressionnés par la « Chapelle Palatine » - la chapelle du musée des rois normands à Palerme : plafonds arabisants, architecture « normande », mosaïques byzantines. A Monreale, à quelques kilomètres de Palerme, les mosaïques de la cathédrale sont elles aussi merveilleuses et les enfants y ont retrouvé les scènes naïves de l’ancien testament que la dame de Venise nous avait si bien montrées (Création du monde, Adam et Eve chassés du paradis terrestre, Noé et le déluge, la Tour de Babel …)


L’Etna

Alors qu’en été, on peut faire de nombreuses excursions en 4X4 sur les flancs de sable noir du volcan, en hiver il faut s’arrêter là où s’arrête la route : à Sapienza. Nous sommes donc montés jusqu’à ce point, à près de 2000 mètres d’altitude et nous y avons trouvé la neige. Nous avons aussi trouvé un certain nombre de petits cratères que nous avons pu gravir. L’un d’entre eux était plus grand et nous en avons fait le tour sur un tout petit sentier étroit pour redescendre enfin, non sans avoir traversé une coulée de lave aux pierres coupantes. Nous avons aussi eu la surprise de découvrir les cratères Silvestri (c’est le nom de nôtre rue à Vincennes) au fond desquels on pouvait descendre pour la plus grande joie des enfants. Nous avons enfin dormi sur les flancs de l’Etna, sur le parking d’un hôtel plutôt désert. Le lendemain matin, nous avons fait un Toute la famille répare le pneu crevépeu d’école dehors au soleil et à la « récréation », les enfant se sont amusés à faire un bonhomme de neige avec carotte et tout et tout. En rentrant d’une petite promenade après le déjeuner, nous avons eu en revanche la mauvaise surprise de nous découvrir un pneu crevé. Qu’à cela ne tienne, avec l’aide des enfants (et de notre cric hydraulique), la roue a été vite changée. Quelques jours plus tard, nous la portions chez un « gommista » qui la réparait, échangeait les roues, vérifiait la pression des cinq roues, nous comblait par sa gentillesse - le tout pour la modique somme de huit euros : un bon souvenir finalement, cette première crevaison !
Après le Vésuve et l’Etna, nous serions bien allés voir un « vrai » volcan : le Stromboli. Malheureusement, il semblait que les conditions n'étaient pas idéales en hiver, on n’étaient pas sûr de vraiment pouvoir voir quoique ce soit, la randonnée était vraisemblablement trop difficile pour les enfants et … on commençait à avoir vraiment envie de partir en Grèce. Qu’à cela ne tienne, Camille a décidé qu’elle y retournerait avec ses propres enfants !

Les pasta di mandorlePlaisirs de bouche.

Il y a une délicieuse pâtisserie à Piazza Armerina où nous avons goûté les « pasta di mandorle » qui sont de petits biscuits moëlleux aux amandes. Par la suite, nous en avons trouvé un peu partout en Sicile mais presque jamais aussi bon que ceux de Piazza Armerina …

 

 

Dernier détour par l’Italie du Sud : Alberobello

Alberobello et ses trulliFinalement, contrairement à notre projet initial, nous n’avons rien vu de l’Italie du Sud - nous avions déjà passé beaucoup de temps en Italie. Nous n’avons fait qu’une courte étape, à Alberobello, entre le ferry nous ramenant de Sicile et celui que nous devions prendre à Brindisi pour aller en Grèce. Alberobello, et les villages alentour, est la région de ces drôles de constructions : les trulli. Ce sont des maisons, à un étage le plus souvent, dont chacune des pièces a son propre toit conique en grosses pierres plates. Certaines grandes maisons à plusieurs pièces – et donc plusieurs toits – prennent des airs d’églises russes, surtout quand elles sont isolées dans la campagne. Toute la région est très pittoresque et n’usurpe pas sa renommée. Une étape incontournable sur la route de Brindisi.

La Sicile et l'Italie du Sud en photos  
   
 
Notre itinéraire en Sicile  
 
Nos belles étapes italiennes et siciliennes